期刊名称:POSITIF
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Le sommaire de Positif, ce mois-ci, invite au voyage. Le lecteur fidèle qui lit ces pages s’étonnera peut-être cet énonc vu que notre revue, de mois en mois, nous balade en Europe, en Asie, en Amérique, en Océanie avec une aisance que les plus organisés des tour operators ont maintenant du mal assurer. En suivant une actualit cinématographique qui nous emmène en Corée, en France, en Angleterre, aux États-Unis, pour enfin atterrir nbsp;près de chez vous en Belgique, le présent numéro fait-il vraiment autre chose que les précédents Non, sans doute. Bien sûr, La Petite Fille de la terre noire de Jeon Soon-il nous parle de cieux éloignés, mais aussi d’un milieu de travail oubli?de notre monde moderne : le goût nbsp;tendance de l’exotisme des cinématographies asiatiques se double de la capacit nous dilater le cœur autant que les pupilles, l’une des plus nobles prérogatives de l’art qui nous est cher. Des actrices comme Dominique Blanc ou Yolande Moreau, bien que familières nos yeux de spectateur, invitent au voyage par la diversit?de leur personnalit les contre-emplois, le refus d’une carrière prévisible. Ce n’est pas tant l’exotisme géographique qu’elles suscitent que l’exotisme de l’aventure. Si le cinéma de Joachim Lafosse paraît ancr dans la réalit?et la proximit Delépine et Kervern (Louise-Michel), quant ?eux, ont invent une manière d’exotisme avec leur Groland, qui nous semble la fois si loin et si proche.
Terence Davies, les pieds dans le Liverpool de son enfance et la tête dans les rêves véhiculés par le cinéma, est un cinéaste que nous souhaitions rencontrer depuis longtemps. Après son voyage dans le pass?et au-del?des mers, ?nbsp;chez les heureux du monde ? le voil?qui revient chez lui et que, avec Of Time and the City, il nous propose une plongée intime et dépaysante dans les images grises du souvenir. Un exotisme personnel, en somme.
Saluons au passage les grands voyageurs que sont Raymond Depardon et Jacques Prévert, et le sédentaire Robert Mulligan qui, plusieurs reprises, a su nous montrer une Amérique profonde, familière et étonnante, gorgée de doux soleil estival et rongée par les ténèbres (L’Autre et Un ét?en Louisiane, par exemple). Et nous en arrivons ’amoureux nomade Benjamin Button, imagin?par Francis Scott Fitzgerald et repens par David Fincher et son scénariste Eric Roth. Il nous fait bourlinguer de La Nouvelle-Orléans ?la Russie soviétique, en passant par Paris et autres lieux rêvés autant que réels. Et comme les plus beaux voyages se font par la fenêtre, c’est en studio que se recréent les rues neigeuses de l’ère stalinienne et au Québec que se fait Paris. Pourquoi pas puisque Benjamin Button naît vieux et rajeunit ?mesure qu’il se rapproche de la mort et que son périple est régi par une horloge de gare facétieuse dont les aiguilles tournent ?l’envers. Cette Nouvelle-Orléans a beau être blessée par le très réel ouragan Katrina, son existence cinématographique est proche de Groland, de Liverpool ou de cette Terre noire ignorée.
C’est l?que je voulais en venir. Et si le cinéma seul savait au jour d’aujourd’hui proposer ?notre monde, qui ne s’étonne plus de grand-chose, le seul véritable exotisme : celui de l’imaginaire ?
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ÉDITORIAL
Les exotismes et l’exotisme
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