En 1857, Ernest Desjardins, membre de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, prit l’initiative personnelle de publier pour la première fois, sous le format maniable d’un volume in-8°, les Comptes rendus des séances de la Compagnie ; en reprenant de manière plus circonstanciée le contenu de la partie des Mémoires de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dévolue à l’histoire de la Compagnie (qui sera finalement supprimée en 1890), et en la publiant au terme d’une année, il s’agissait de mettre pleinement en lumière les activités en cours quai de Conti tout en palliant la longueur d’un délai de publication toujours préjudiciable pour l’information scientifique.
A partir de 1865, l’Académie décida d’assumer elle-même la charge de la publication des Comptes rendus des séances, qui fut placée sous l’autorité de son Secrétaire perpétuel en vertu d’une décision réglementaire en date du 26 mai 1865. Selon son article I, les Comptes rendus des séances devaient être publiés « de mois en mois » ; mais très vite le nombre des fascicules accusa un cours décroissant, n’excluant d’ailleurs pas des variations en fonction des années et des circonstances politiques. Depuis 1970, l’Académie publie régulièrement ses CRAI en quatre fascicules, selon un délai d’un an environ. Comptant en moyenne 700 pages il y a voici trente ans, les CRAI avoisinent désormais les 1500 pages. Cette progression, qui s’est fortement accélérée depuis le milieu des années 1990, obéit à une politique éditoriale visant à offrir aux chercheurs une tribune scientifique assurant une publication de qualité dans des délais rapides ; elle reflète également la richesse et la variété des travaux qui se déroulent lors des séances de l’Académie : de la lointaine Préhistoire à la Renaissance, depuis l’Europe et le monde méditerranéen jusqu’à l’Extrême-Orient et les Amériques, nul témoignage de l’activité humaine ne lui demeure étranger. Rassemblant dans leur intégralité notes d’information présentant le point sur telle découverte récente et communications traitant telle question de fond, mais aussi les analyses détaillés d’un grand nombre de livres offerts en hommage qui se signalent par leur érudition ou leur intérêt scientifique, les CRAI font écho à l’actualité nationale et internationale des trois grands domaines de recherche qui correspondent aux trois vocations majeures de la Compagnie : archéologie, philologie et histoire. Par ailleurs les Comptes rendus des séances fournissent les textes d’un certain nombre de rapports annuels présentés en comité secret par certains académiciens (publications de l’Académie, commissions de prix, état et activité de Grands établissements français à l’étranger, session annuelle de l’Union académique internationale), sans compter les notices sur la vie et les activités des membres défunts et, d’une manière générale, toute information concernant la vie académique : élection, nomination, décès. Une pagination volumineuse, une illustration abondante et soignée, une parution particulièrement rapide : autant d’atouts qui permettent à l’Académie de publier dans les meilleures conditions l’intégralité des travaux présentés au cours de ses séances.
I. Le Projet : la création de cette prestigieuse publication (1867-1881)
Le 17 avril 1867, sur l’initiative d’Ernest RENAN, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres prenait la décision de publier le Corpus des Inscriptions sémitiques (= C. I. S.).
Le projet de cette grande publication avait été mûri à la suite de la découverte fortuite, en 1855, du sarcophage d’Eshmounazar, l’un des rois de l’antique Sidon, conservé aujourd’hui au Louvre, et de la mission en Phénicie, en 1861, durant laquelle Renan avait lui-même recueilli sur plusieurs sites nombre d’inscriptions phéniciennes.
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